Vu du Liban et de Syrie, il y a longtemps que nous sommes en guerre.
Début juillet, je suis en réunion à l’Assemblée Nationale, audition de Père Patrick Desbois au sujet des Yazidis, communauté religieuse d’Irak et de Syrie, victimes d’un véritable génocide, dans le cadre du groupe d’études Chrétiens d’Orient co-présidé par les députés Claude Goasguen et Véronique Besse avec Gerard Bapt. Nous visionnions un film…terrible..des bébés, des femmes assassinés.
Un jeune assistant parlementaire, sur ma droite se cache le visage.
Il prendra la parole nous disant qu’il n’a pas pu supporter tant de violence et que cette barbarie justifie qu’en bons chrétiens , nous ouvrions nos portes à nos frères d’Orient.
Et pourtant, je dois sur ce point marquer mon désaccord. Je ne suis pas insensible à la souffrance qu’endurent les communauté d’Irak et de Syrie et je ne reproche aucunement à mon jeune voisin sa sincérité mais, vivant au Liban et sillonnent la région, je dois avouer que je n’ai plus la larme facile.
Nous commettons, dans te tels élans de compassion, deux erreurs.Tout d’abord, il nous faut regarder l’horreur des actions dont est capable l’EI en face. Ce sont des barbares qui mènent une guerre contre tous les mécréants, et les musulmans, les vrais, en sont les premières victimes.
Gardons ensuite en mémoire que la France comme le reste des pays européens n’est pas destinée à accueillir la misère, fusse t-elle issue de la guerre du monde entier! Les parlementaires passent de réunion en réunion et souvent des drames humains leur sont évoqués: si leur réflexe est d’accueillir à chaque fois ces peuples, alors, où allons-nous? Est ce le rôle de nos parlementaires, de nos représentants de l’Etat? Ce serait défaitiste, simpliste et surtout dramatique car nous les avons élus plutôt pour porter haut les couleurs de la France à l’étranger et à l’intérieur de nos frontières pour nous protéger avant tout et il faut avoir le courage de l’écrire.
Quelles que soient leurs religions, tous ces pauvres réfugiés sont avant tout des étrangers à notre pays, notre culture et notre histoire.Leur pays est en guerre et il est légitime que leurs gouvernements souhaitent que les hommes restent pour se battre.
Je suis pour une politique des « déplacés » plutôt que des « réfugiés ». Je m’explique: la Syrie est un immense pays dont certaines régions ont été libérées par l’armée syrienne. Pourquoi la communauté internationale n’a pas favorisé une politique de déplacés c’est à dire que les syriens se déplacent sur des zones pacifiées dans leur pays au lieu de favoriser une politique d’exode vers le Liban? la Jordanie? la Turquie? et surtout l’Europe?
Pour la simple raison que la communauté internationale a préféré s’obstiner vers la voie de la rupture totale avec le Président syrien et l’ouverture avec les soit-disants rebelles modérés: et cela depuis 2011… malgré les faits qui démentaient avec une insolence inouïe notre diplomatie, la France n’a pas bougé d’un iota et la guerre s’est poursuivie,se poursuit et es peuples trinquent. L’enlisement au Proche-Orient ne pouvait que débarquer chez nous.
La France ne devait pas en 2011 fermer Ambassade, consulats et Instituts Français en Syrie. Je suis contre. Les ruptures et embargos ne sont jamais des solutions car ils entrainent des haines, des souffrances et des frustrations à l’égard de notre pays. Elue auprès des français du Liban et de Syrie, je vais régulièrement à Damas, Homs, Tartous…et suis en relation avec les français d’Alep quotidiennement…malgré leur vie liée à la guerre, les syriens aiment la France et ont soif de francophonie…mes permanences mensuelles sont très riches et très importantes pour eux comme pour moi. Je suis fière d’annoncer que le Lycée français d’Alep a obtenu du gouvernement syrien l’accord pour ouvrir une branche à Tartous et ce Lycée sera un 2e lieu français en Syrie avec le lycée de Damas. Je précise que je suis la seule élue française à aller de manière régulière en Syrie à l’encontre de notre communauté qui reste au nombre de plus de 1000. Si les médias s’intéressent aux français qui partent combattre en Syrie, j’aime et je clame à répéter que ce ne sont pas les seuls compatriotes en Syrie !!! Il y a NOTRE communauté qui y vit heureuse malgré tout, attachée aux 2 pays et qui est un atout précieux de paix et de communication entre la France et la Syrie et que malheureusement notre pays ne profite guère et pire a abandonné!
Reste aussi le Lycée français de Damas qui survit depuis 2011 grâce aux parents d’élèves et enseignants qui se battent quotidiennement pour trouver de l’argent, nerf de la guerre, c’est le cas de le dire…. merci d’ailleurs aux nombreux parlementaires qui pensent à eux en versant de leurs réserves parlementaires, Alain Marsaud en tête. Malgré cette rupture diplomatique, nous arrivons à travailler et la culture reste une réponse évidente et garantie face à l’extrémisme.
Vivant dans la région depuis 10 ans, je suis au plus près pour comprendre la triste évolution de ce qui est devenue une GUERRE. Vider ou/et faciliter l’exode des Chrétiens d’Orient vers l’Occident est une double erreur:
Erreur pour l’Orient car sans les chrétiens, il n’y aura plus qu’un monde islamique et non un monde arabe. Comme le rappelle Grégoire III Laham, le patriarche melkite: « Celui qui s’engage en faveur de notre présence, ne s’engage pas seulement en faveur des chrétiens, mais aussi en faveur des musulmans dans la région. »
Erreur pour l’Occident car vider les chrétiens de l’Orient, berceau de la chrétienté est donner raison aux islamistes, adeptes du wahhabisme: cette erreur sera grave de conséquence pour l’équilibre de la chrétienté de l’occident.
Derrière cette guerre, ne nous leurrons pas : contrat de Gaz, Pétrole et nous défenseurs des peuples sommes si fébriles derrière ces montagnes de dollars qui se fichent bien des têtes tranchées…
A semer le vent, on récolte la tempête: à bon entendeur, Salut !
Conseillère Consulaire Liban-Syrie
Suppléante du député Alain Marsaud